La Revelation de Jesus-Christ, mieux connue sous le titre d'Apocalypse de Jean, n'a cesse d'exercer une grande fascination chez ses lecteurs, religieux ou non. Sa transmission et sa reception en contexte chretien ont donne lieu aux interpretions les plus diverses et a de multiples controverses. Au cur de cette revelation, se trouvent des figures enigmatiques de femmes apparaissant dans le ciel puis fuyant au desert, d'une prostituee apparaissant dans le desert et chevauchant une bete, puis de la fiancee de l'Agneau, ainsi qu'une grande cite appelee tour a tour Babylone, Sodome et Egypte. Cites, bete et prostituee sont generalement interpretees comme des references a peine voilees a Rome et a son empire, et en particulier a l'empereur Neron, persecuteur des chretiens. Pourtant, cette lecture ne laisse pas de susciter un certain nombre de problemes d'interpretation concernant le rapport entre les differentes figures feminines, leur relation a la bete et la cite qui se cache sous Babylone. Les contributions reunies dans ce volume s'inscrivent dans un courant minoritaire de lecture de l'Apocalypse de Jean qui voit dans cette grande cite, Babylone, non pas Rome, mais Jerusalem, dans ces femmes apparaissant tout a tour mere dans le ciel, prostituee au desert et a nouveau dans le ciel, fiancee de l'Agneau, non pas plusieurs femmes, mais une seule et meme femme, Israel. On y prend egalement en consideration une hypothese selon laquelle la bete et son chiffre ne refereraient ni a Rome ni a Neron, mais plutot, comme Irenee le pensait au IIe siecle, a la recapitulation de l'abomination, c'est-a-dire la compromission du peuple d'Israel, de Jerusalem et de son temple, avec les nations depuis le roi Salomon. L'uvre de Jean, prophete Judeen de Jesus le vivant, n'est pas une reponse a la persecution des chretiens par l'empire romain, mais une reflexion prophetique sur la chute de Jerusalem et la mort et la resurrection de Jesus le Messie.