La plaie par balle d'une ouvrière agricole en lutte se transforme en stigmate; les espèces fi guratives du calvaire christique accompagnent la répression d'un leader de la décolonisation; des scènes de rassemblement politique convoquent un schème communiel directement hérité de la messe catholique... Entre 1960 et 1975, plusieurs cinéastes d'obédience communiste ont emprunté leurs themes et leurs motifs à la théologie, à l'iconographie et à la liturgie chrétiennes. Au confl uent de deux grandes traditions de l'espérance, une telle constellation révèle la récurrence, à cette époque, d'un paradigme historico-esthétique don't les lucioles de Pier Paolo Pasolini fournissent la matrice allégorique: singularités anthropologiques et étincelles archaïques qui résistent aux attaques du capitalisme mondialisé. Face aux acculturations bourgeoises, aux pulsions totalitaires et aux menaces nucléaires, c'est avec le salut religieux que ces marxistes hérétiques ont dû penser l'émancipation des peuples.